7.16 Hearing

Article publié à l'origine sur le site DailyMars en mars 2016.


Quand il fut lancé en 2009, qui aurait cru que le drama judiciaire le plus feuilletonnant de CBS allait durer aussi longtemps ? Ce dimanche, et alors qu’elle se dirige tranquillement vers une fin annoncée lors du SuperBowl, The Good Wife fêtait, avec Hearing, son 150ème épisode.

Adam R. Perlman, crédité au scénario, est un débutant. Il a fait ses armes sur Drop Dead Divaet State of Affairs, une comédie lourdingue qui a duré trop longtemps et un drama bordélique annulé rapidement. C’est seulement la deuxième fois qu’il écrit pour les King et Restreint (7.08) n’était pas franchement mémorable. Il faut dire aussi que cette septième saison est inégale au possible. Après un début aux enjeux resserrés dans le théâtre rafraîchissant de la bond court, l’excitation est vite retombée à mesure que la série s’emmêlait les pinceaux dans une énième intrigue politique. Si les nouveaux personnages sont vite devenus attachants (difficile de ne pas tomber sous le charme de Jeffrey Dean Morgan et Cush Jumbo), les vétérans du cabinet Lockhart, Agos & Lee n’ont pas franchement été servis. C’est donc avec soulagement que l’on a appris la volonté des King de ne pas tirer sur la corde une année de plus.

Il y a pourtant de quoi être optimiste avec la poignée d’épisodes restants. Ce ne serait pas la première fois qu’une série en bout de course retrouve de sa superbe juste avant l’échafaud (on pense à ER, 30 Rock, The Office ou, plus récemment, à Justified). Maintenant qu’un certain statu quo vient d’être rétabli (Alicia revenant travailler pour le cabinet dont elle a voulu s’émanciper) et que sa vie amoureuse semble la mener loin de Peter, les scénaristes n’ont plus d’excuses pour trébucher sur cette dernière ligne droite. En ce sens, Hearing est plutôt encourageant. Un condensé de tout ce que la série sait faire le mieux :

DU VAUDEVILLE !

Les meilleures scènes de The Good Wife se déroulent à peu près toujours dans un espace restreint, qu’il s’agisse d’un ascenseur, d’un bureau ou d’une salle d’audiences. Ici, on passe les dix premières minutes dans l’appartement d’Alicia lors d’un dimanche où elle essaye de jongler entre son nouvel amant et l’irruption de sa famille. On navigue en plein vaudeville : romance interrompue par quelqu’un qui frappe à la porte, amant qui doit se cacher, humour grivois… La recette est savamment dosée et fait mouche, surtout qu’on attendait depuis longtemps que la température monte entre Alicia et Jason, surtout que la famille Florrick est toujours la bienvenue. Quand l’épisode commence vraiment, on est presque déçu que cette charmante introduction en huis clos ne se prolonge pas.

UN TAS DE PERSONNAGES !

Jongler avec cette vaste galerie de personnages est un exercice périlleux auquel les scénaristes échouent régulièrement. Entre ceux qui disparaissent sans explication (quelqu’un a des nouvelles de Robyn, Clarke et Taye Diggs ?) et ceux qui deviennent figurants malgré leur nom au générique (pauvre Matt Czuchry), la valse de l’ensemble cast est rarement maîtrisée. Cette semaine, personne n’a perdu aux chaises musicales et, même si l’équilibre est loin d’être parfait, chaque protagoniste a son rôle à jouer. Mieux, Alicia a le droit d’interagir avec un autre membre historique de la série, que ce soit via téléphone avec Cary ou lors d’une entrevue « secrète » avec Diane. Il est loin le temps où Margulies avait besoin d’effets spéciaux pour dialoguer avec ses collègues !
DES GUEST-STARS !

On peut d’ailleurs reprocher aux nombreux guest-stars de voler la vedette au casting principal et de foutre encore plus le bordel. Pas ici : Stockard Channing (la mère d’Alicia) et Dallas Roberts(le frère d’Alicia) sont correctement intégrés à un épisode déjà bien chargé. Si leur intrigue de fraude n’est qu’un prétexte pour savourer leur potentielle dernière apparition, c’est dans la scène de vaudeville citée plus haut qu’ils sont le mieux utilisés. Si je n’ai pas forcément besoin de passer plus de temps avec Ruth Eastman (et du cabotinage de Margo Martindale), retrouver Will Patton loin des aliens de Falling Skies est un vrai plaisir. Son personnage d’avocat loufoque ex-mari de la non moins excentrique Elsbeth Tascioni me ferait presque rêver d’un spin-off où Kyle MacLachlan serait également de la partie !

DE L’EXPÉRIMENTATION !

Félix Alcalá est derrière la caméra. Ce vétéran d’ER n’a aucun mal à s’agripper à sa steady-cam pour suivre les allées et venues des avocats dans les couloirs exigus de leur cabinet. Et, tout comme avec la série médicale de John Wells, il est habitué aux expérimentations visuelles. The Good Wifes’est souvent amusé à jouer avec la structure et la forme de ces épisodes. Parfois ça marche (Mind’s Eye), parfois c’est plus maladroit (Mind’s Eye !). L’important, c’est la prise de risques. Ici, rien de fou, juste un petit jeu avec le son quand Eli espionne à travers une bouche d’aération les témoignages d’une affaire visant Peter. Car, oui, Alan Cumming qui fait le clown, c’est aussi l’une des spécialités de The Good Wife ! La malice est une marque de fabrique et Hearing est rempli de clins d’œil plus ou moins subtils et plus ou moins métas.

DU TWIST !

Qui en veut à Peter Florrick ? Alicia va-t-elle évincer Cary pour devenir la nouvelle partenaire de Diane ? Comment Jason va supporter le petit arrangement entre Alicia et son mari ? Assez d’interrogations pour relancer notre curiosité lors de cette dernière ligne droite. Du rebondissement juridique, bureaucratique, politique et romantique, c’est une formule qui, si elle est bien dosée, rend la série passionnante. Espérons qu’elle sache retomber sur ses pattes.

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